Dans quelques jours, Andréanne Gourd, 19 ans, entre à l’UQAM en éducation préscolaire et enseignement primaire, un programme de quatre ans pour lequel elle assume entièrement les frais. Comment compte-t-elle y arriver financièrement ?
PRÈS DE LA MAISON
Heureusement pour Andréanne Gourd, elle vit à Montréal et elle estime que le programme choisi a très bonne réputation. « Mon plan est de rester chez mes parents les quatre prochaines années, dit-elle. De toute façon, ça me rassure d’être entourée. C’est pratique aussi, car je n’aurai ni logement ni épicerie à payer. »
L’étudiante assume déjà seule ses dépenses scolaires depuis deux ans, soit depuis son entrée au cégep. Elle y arrive grâce à des prêts, des bourses et les paies de ses emplois d’été. « Ma mère fait un petit salaire et j’ai deux frères plus jeunes », justifie-t-elle.
UN COUSSIN APPRÉCIÉ
La première année de cégep, Andréanne Gourd a eu droit à 2000 $ de prêts et 2000 $ de bourses. La deuxième année, elle a eu droit à un prêt de 1000 $. Elle espère être admissible à des prêts et bourses aussi pour l’université. Chaque été, elle peut compter sur un revenu de 3000 $.
L’estimateur des frais de scolarité de l’UQAM, accessible sur le site internet de l’établissement, évalue les droits de scolarité d’un trimestre (excluant les frais de manuels et incluant les frais d’association étudiante, par exemple) à 1665 $ pour un trimestre de cinq cours (15 crédits) pour un résidant québécois.
Mais Andréanne Gourd a un atout dans sa manche… et son compte en banque ! « Je n’ai pas utilisé mon prêt de 2000 $ à ma première année de cégep ! dévoile-t-elle. C’est mon coussin. Et je touche le moins possible aux 3000 $ que je fais l’été, si ce n’est pour payer mon titre de transports en commun. »
DÉPENSES PRÉVUES
Tous les quatre mois, Andréanne Gourd déboursera 199 $ pour voyager avec la STM. Pas une grande fan de magasinage, elle compte très peu investir dans des vêtements. « Je prévois porter les mêmes pendant quatre ans. Je suis une magasineuse de friperie, je suis du genre à acheter cinq chandails pour 20 $. »
La future bachelière pense dîner deux fois par semaine à la cafétéria. « Je me connais, je ne me fais pas de lunchs dans la vie ! avoue-t-elle. Heureusement, j’ai plusieurs jours où je termine à midi, donc je vais manger chez moi. La cafétéria, ce n’est pas donné ! »
Mais sa plus grande dépense risque d’être technologique. Son dernier achat d’ordinateur remonte à sa quatrième année du secondaire. « Et comme je suis dyslexique, j’ai besoin de logiciels spéciaux, explique-t-elle. Ma condition fait que j’ai droit à une allocation particulière pour trouble d’adaptation, de 200 $ à 500 $ tous les trois ou quatre ans. Ça ne couvre pas l’achat d’un ordi et de logiciels dispendieux. Ça vaut la peine d’acheter un ordi en solde. »
DÉPENSES IMPRÉVUES
« Il y en a tout le temps ! dit Andréanne Gourd, lucide. Quand le métro tombera en panne, je risque de sauter dans un taxi pour me rendre à l’université. Aussi, mes sessions d’hiver étant intensives, je ne pourrai pas travailler. Je ferai l’équivalent de 15 semaines en 8 semaines. Et les stages ne sont pas payés. Heureusement, après un an d’études, je pourrai faire de la suppléance rémunérée. »
L’UNIVERSITÉ À TOUT PRIX
Andréanne Gourd dit venir d’une famille où on fait des études poussées et qui valorise l’école.
« Étudier pour moi n’est donc pas un luxe, mais ça coûte cher, dit-elle. Il faut savoir où faire les demandes pour les prêts et bourses, les autres programmes. Les gens ne connaissent pas tout ce qui existe. Il faut planifier et être conscient du nombre d’années qu’on va étudier et des ressources disponibles. Je m’y suis mise il y a un an. Il faut savoir ce qu’on paye. Il faut prendre le temps de lire, se renseigner. Les cégeps ont une section Prêts et bourses, par exemple. De nouvelles bourses sortent chaque année. Parlez à vos parents, car il y aurait des entreprises qui payent pour les études des enfants de leurs employés. »
Les conseils de la planificatrice
Nathalie Bachand, planificatrice financière de Bachand Lafleur Groupe conseil
« Andréanne Gourd a une bonne stratégie pour les quatre prochaines années. Elle compte garder ses dépenses au minimum. Elle a estimé ses frais, prêts et bourses et l’achat de son ordinateur. Et elle a raison : il faut fouiller pour connaître les programmes auxquels les étudiants ont accès. Clairement, ils ne s’informent pas assez ! Elle devra, par contre, rapidement rembourser ses prêts, afin d’éviter le surendettement. Elle doit déjà penser à la façon de le faire. Par ailleurs, il est trop tard pour elle, mais tous les parents devraient investir dans un régime enregistré d’épargne-études. Les gouvernements versent l’équivalent d’un rendement de 30 % et même plus pour les familles à faibles revenus. »
COMBIEN PEUT COÛTER L’UNIVERSITÉ AU QUÉBEC ?
De 15 000 $ à 25 000 $ par année pour un étudiant québécois, selon Émile Khayat, directeur régional principal, TD Gestion de patrimoine – Planification financière. Voici notamment pourquoi.
FRAIS UNIVERSITAIRES
Environ 1665 $ par trimestre et 100 $ de livres par cours.
COÛTS POUR SE LOGER
Il faut prévoir au minimum 600 $ à 700 $ par mois pour un logement de deux pièces et demie. « Si on est seul… et qu’on n’a pas beaucoup d’exigences », note Émile Khayat. Les frais s’élèvent à environ 400 $ en résidence.
FRAIS DE DÉPLACEMENT
M. Khayat calcule des mensualités de 200 $ pour une petite voiture et 200 $ pour l’essence. Un permis de stationnement à l’Université de Montréal, par exemple, ajoute 750 $ à l’addition par année. Sinon, un titre mensuel de transports en commun à Montréal coûte 49,75 $.
COÛTS DES DÎNERS
« Quand on annualise les dépenses de cafétéria, c’est un montant significatif », dit M. Khayat. Disons 15 $ trois fois par semaine sur 40 semaines : 1800 $.
COÛTS DE CERTAINS ÉQUIPEMENTS
Un ordinateur portable pour la durée des études universitaires peut coûter de 1000 $ à 1500 $. Et un plan mensuel pour le téléphone portable peut s’élever à 75 $. « Je conseille à l’étudiant de rester sur le plan familial pour économiser », dit Émile Khayat.
FRAIS DISCRÉTIONNAIRES
Ils incluent les loisirs, les vêtements et l’épicerie. « C’est très variable d’une personne à une autre, mais on calcule 300 $ par mois, explique M. Khayat. Les sorties augmentent avec l’âge. »
Rodrigo Bustos
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