L’assurance invalidité est aussi connue sous le nom d’assurance salaire, car elle sert à compenser la perte de revenus causée par un accident ou une maladie. « En économie, nous comparons l’être humain à un puits de pétrole ou à une mine de diamants : il vit en sortant [une ressource]. S’il devient invalide, le puits ou la mine est fermé ; il n’a plus de revenus », illustre le planificateur financier Denis Preston, qui enseigne les assurances à HEC Montréal en plus d’être comptable professionnel agréé.
Toutefois, cette personne devra continuer de payer l’ensemble de ses dépenses courantes. C’est pourquoi souscrire à une assurance invalidité a été l’un des premiers gestes qu’a posé la planificatrice financière, conseillère en sécurité financière ainsi qu’en assurance et rentes collectives Anne-Marie Girard-Plouffe quand elle a commencé dans le métier, il y a plus de 30 ans. « Je me disais que la seule chose qui pourrait m’empêcher de travailler était d’être malade, blessée ou accidentée. Donc, c’était pour moi une priorité de m’assurer de ma capacité à gagner un revenu pour ma famille », se remémore l’associée du cabinet Option Fortune, qui est aussi .
Pour Dominic-Julien Lafrance-Raymond, conseiller en sécurité financière indépendant et représentant en épargne collective auprès d’Investia Services Financiers, c’est l’achat d’une première demeure qui a fait pencher la balance. « Cela faisait 2 ou 3 ans que j’étais dans le domaine, se souvient-il. Je me suis dit que ce que je racontais à mes clients pourrait m’arriver aussi, et que je devais m’assurer d’être en mesure de payer ma maison. » Quant à Denis Preston, il a souscrit à une assurance invalidité dès qu’il s’est lancé à son compte, en 2005, après une vingtaine d’années à titre d’employé.
Si les trois spécialistes reconnaissent que « plus on s’assure jeune, mieux c’est », ils insistent sur le fait qu’il s’agit avant tout d’une protection dictée par un besoin. « Elle est basée sur les revenus, donc si tu n’en fais pas assez à 30 ans, tu ne pourras pas t’assurer, même si c’est moins cher qu’à 45 », fait remarquer Anne-Marie Girard-Plouffe.
Les trois professionnels ont choisi de s’auto-assurer, se proposant les produits qu’ils offraient alors à leur clientèle. « Je n’ai jamais pensé que je pouvais faire une erreur, déclare Mme Girard-Plouffe. Normalement, si quelqu’un a le permis pour vendre de l’assurance invalidité, il devrait être capable de s’auto-assurer, au besoin après avoir demandé l’avis des agents avec qui il travaille. » Denis Preston renchérit : « De toute façon, sélectionner ses assurances devrait faire partie du processus d’apprentissage. Celle que tu vas choisir, c’est peut-être celle que tu vas recommander à tes clients. »
Même s’il les réponses varient selon un ensemble de critères très personnels, les principaux aspects à considérer quand un travailleur autonome magasine une assurance invalidité sont :
Afin de ne pas se retrouver pris de court, mieux vaut opter pour la prestation maximale proposée par l’assureur, qui l’aura calculé selon le revenu net avant impôts. « Il faut toujours prouver que l’on a gagné cet argent », rappelle Mme Girard-Plouffe en soulignant qu’un professionnel incorporé « peut tenir compte de ses bénéfices nets dans sa société pour ajouter à son montant assurable ».
L’idéal est de choisir une police qui nous couvre jusqu’à 65 ans, qui représente souvent le maximum pour ce type d’assurance. « Il existe des couvertures de deux ou cinq ans, précise Dominic-Julien Lafrance-Raymond. Mais même si le client est invalide à vie, l’assureur arrête alors de payer à la fin de cette période. »
Trente, 60, 90 ou 120 jours ? Évidemment, plus la période à la charge du travailleur est courte, plus les primes sont élevées. « Souvent, le 90 jours offre le meilleur rapport qualité-prix, souligne Denis Preston. Il peut y avoir un écart de primes de 30 à 40 %, ce qui nous permet de payer les avenants essentiels. » Notons qu’il est possible de modifier le délai de carence en cours de couverture.
Sur ce point, deux « philosophies » se côtoient. Les primes non garanties sont moins dispendieuses à l’achat, mais peuvent être augmentées sans préavis. « Avec des primes garanties, tu acceptes de payer plus cher maintenant pour ne pas peut-être payer plus cher plus tard, estime cependant M. Preston. Selon moi, des primes non garanties peuvent très bien faire l’affaire, pourvu que le contenu du contrat soit garanti. »
Finalement, même si plusieurs compagnies sont loin d’en raffoler, le fait de réaliser une grande proportion de son travail à la maison ne rend pas un professionnel indépendant moins assurable. « C’est davantage un problème de risque moral que de risque d’invalidité, explique M. Preston, qui exerce à 90 % de son domicile. C’est plus difficile pour l’assureur de confirmer qu’une personne qui se déclare invalide l’est tout à fait, contrairement à celle qui travaille à l’extérieur. » Dans tous les cas, une fois le contrat approuvé, l’assureur paiera les prestations, peu importe où est situé le bureau.
Au-delà de l’habituelle indexation au coût de la vie, il existe une série d’avenants fondamentaux à considérer au moment de souscrire à une assurance invalidité :
Elle permet d’augmenter le montant des prestations mensuelles – jusqu’à un seuil prédéfini – à mesure que son revenu s’améliore, sans avoir à fournir de nouvelles preuves de son état de santé. « C’est sûr qu’en début de carrière, c’est plus cher, mais ton revenu est appelé à augmenter, donc elle te permettra plus rapidement d’aller chercher davantage de prestations », relève Dominic-Julien Lafrance-Raymond.
Ces options protègent la capacité d’exercer la profession qui est la sienne au moment où l’on devient invalide. Dans certains cas, elle permet d’occuper un autre emploi procurant un revenu moindre tout en continuant de recevoir des prestations, comme il ne nous est pas possible d’accomplir nos tâches habituelles.
« Souvent, en cas d’invalidité, les gens seront obligés de couper dans leur épargne-retraite, constate Denis Preston. L’une des possibilités est donc que le montant s’en aille dans un compte en fiducie, qui sera disponible à sa retraite, à 65 ans. »
En cas d’absence ou de faibles réclamations, certaines compagnies proposent de reverser à l’assuré une portion des primes payées. « C’est dispendieux, mais beaucoup de gens aiment ça, parce que c’est de l’épargne forcée, note Anne-Marie Girard-Plouffe. J’ai des clients qui ont eu de gros retours qu’ils avaient oubliés, et certains les ont laissés là afin que les primes suivantes se paient toutes seules. » À l’inverse, Denis Preston déconseille fortement cet avenant. « Il est à l’intérêt de l’assureur, car il décourage les gens de faire une réclamation, fait-il valoir. Et comme le coût est très élevé, l’assuré est mieux d’épargner par l’entremise de son REER ou de son CELI avant de souscrire à ça. »
De la même façon, une fois couverts par une assurance invalidité, rares sont ceux qui ont besoin de protection supplémentaire, par exemple celle disponible dans une assurance hypothécaire. « Si je reçois 5 000 $ par mois pour remplacer mon revenu, c’est avec ça que je vais payer mon hypothèque », fait valoir M. Preston, qui souligne que les chefs d’entreprises devraient par contre souscrire à une seconde assurance invalidité dite « frais de bureau », entre autres pour couvrir le salaire de leurs employés en cas de pause forcée.
En somme, en matière d’assurance invalidité, tout se décide au cas par cas. D’où l’importance de prendre le temps d’y souscrire. « Le principal gage de succès d’un conseiller financier, c’est la paix d’esprit, rappelle Anne-Marie Girard-Plouffe. Et pour l’avoir, il faut d’abord sécuriser ses propres arrières. Pouvoir se dire : « J’ai fait mes devoirs personnels, maintenant je suis capable de donner des conseils que j’ai appliqués pour moi-même. »
Source: Finance et investissement
Pierre Claude
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