Statistique Canada a indiqué jeudi que la dette des ménages sur le marché du crédit avait été égale à 168,0 % de leur revenu disponible au cours du trimestre, soit son plus bas niveau depuis le premier trimestre de 2016.
Ce ratio, qui était de 169,7 % au quatrième trimestre de l’année dernière, a enregistré son déclin le plus prononcé depuis que l’agence a commencé à recueillir ces données, en 1990.
Autrement dit, les ménages canadiens avaient une dette de 1,68 $ pour chaque dollar de leur revenu disponible.
« Même si le ratio a généralement tendance à diminuer au premier trimestre en raison de facteurs saisonniers, la baisse de 1,68 point de pourcentage marque la plus grande amélioration jamais enregistrée », a souligné l’analyste économique Priscilla Thiagamoorthy, de BMO Marchés des capitaux.
« La baisse plus prononcée pour débuter 2018 suggère que nous pourrions enfin être à un tournant puisque le resserrement des règles hypothécaires et les taux d’intérêt plus élevés ralentissent les emprunts des ménages, tandis que les revenus continuent d’augmenter. »
Le revenu disponible des ménages a augmenté de 1,3 % au premier trimestre, tandis que la dette du marché du crédit a augmenté de 0,3 %.
La Banque du Canada a identifié la dette des ménages comme une vulnérabilité clé pour le système financier, mais elle a noté que le risque avait diminué au cours des derniers mois avec les inquiétudes sur le marché du logement.
Sur une base désaisonnalisée, les ménages ont emprunté 22,2 milliards de dollars (G$) au premier trimestre, comparativement à 25,4 G$ au trimestre précédent. Statistique Canada a indiqué que les emprunts hypothécaires avaient diminué de 2,0 G$ pour s’établir à 13,7 G$, leur plus bas niveau depuis le deuxième trimestre de 2014.
Le ralentissement est survenu alors que les règles de prêt plus strictes et les taux hypothécaires plus élevés ont aidé à refroidir le marché du logement au cours des derniers mois par rapport à son rythme effréné au début de l’année dernière.
Prudence avec les hausses de taux
Selon Robert Hogue, un économiste principal de la Banque Royale, le ralentissement de la croissance de l’endettement hypothécaire et non hypothécaire devrait permettre aux données sur la dette de continuer à s’améliorer à court terme.
« Les développements au cours des deux derniers trimestres ne modifieront probablement pas la conversation sur l’endettement des ménages au Canada, mais ils suffiront pour en changer le ton », a-t-il écrit dans un rapport.
M. Hogue a fait remarquer qu’il sera important d’observer comment les Canadiens vont gérer le service de leur dette dans un contexte de hausse des taux d’intérêt.
Le ratio du service de la dette des ménages sur une base désaisonnalisée, soit le total des paiements obligatoires du capital et des intérêts exprimés en pourcentage du revenu disponible des ménages pour la dette hypothécaire et non hypothécaire, était relativement stable à 13,9 %, a indiqué Statistique Canada.
« Jusqu’à maintenant, le ratio du service de la dette est resté stable à un peu moins de 14 %, mais nous prévoyons qu’il subira des pressions à la hausse dans la période à venir », a estimé M. Hogue.
« À notre avis, ce sera un facteur clé qui entravera la croissance des dépenses des ménages cette année, et ce sera également un élément qui incitera la Banque du Canada à se montrer prudente par rapport aux hausses des taux. »
La Banque du Canada a haussé son taux d’intérêt directeur à trois reprises depuis l’été dernier et devrait le hausser de nouveau d’ici la fin de l’année.
Les variations du taux directeur de la banque centrale ont une incidence sur les taux préférentiels des grandes banques canadiennes, qui sont utilisés pour les prêts hypothécaires à taux variable et d’autres prêts à taux variable.
La dette totale des ménages sur le marché du crédit, qui comprend le crédit à la consommation et les prêts hypothécaires et non hypothécaires, s’est chiffrée à 2134 G$ au premier trimestre.
Rodrigo Bustos
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