Les médias financiers en ont souvent fait part au cours des dernières années. La rente viagère est l'instrument financier le moins prisé des nouveaux retraités pour gérer le capital accumulé. Pourtant, elle leur offre bien des avantages, nous expliquent des experts qui se questionnent sur les raisons de son manque de popularité. Serait-ce la rémunération des conseillers financiers qui expliquerait en partie cet état de choses ?
Un des principaux attraits de la rente viagère, c'est qu'en l'achetant, les individus éliminent à la fois les risques liés aux placements ainsi que ceux liés à la longévité, explique Denis Preston, formateur indépendant en planification financière. « Comme ils sont maintenant assurés de recevoir chaque mois une somme déterminée jusqu'au décès, ils n'ont plus à se préoccuper des risques d'une chute brutale des marchés boursiers qui viendrait gruger une partie de leurs épargnes », dit-il. De plus, les détenteurs de rente viagère n'ont pas à se préoccuper de manquer d'argent si jamais ils vivent plus longtemps que prévu. Et ce facteur est certainement important étant donné que l'espérance de vie est constamment allongée grâce aux avancées scientifiques.
Un autre attrait de la rente viagère est qu'elle peut occuper une place intéressante dans la répartition d'actifs du portefeuille. « Elle peut remplacer en tout ou en partie les obligations », explique Dany Provost, directeur de la planification financière et fiscale chez SFL Cité de Montcalm. Les retraités ayant un profil d'investisseur « conservateur » devraient aimer le produit, selon lui. Ceux-ci peuvent utiliser la rente viagère pour couvrir un certain montant de dépenses fixes et s'assurer ainsi d'une certaine tranquillité d'esprit quant à la gestion du budget. « À la retraite, les dépenses fixes devraient être adressées par des flux financiers fiables qui ne changent pas », ajoute Denis Preston.
La croyance populaire veut que ce ne soit pas une très bonne idée d'acheter une rente viagère lorsque les taux d'intérêt sont bas, contexte que nous connaissons depuis déjà plusieurs années. C'est que le montant des versements de la rente est établi en fonction des taux d'intérêt au moment où la rente est créée. Ainsi, la rente que vous pourrez acheter avec votre capital sera d'autant plus petite que les taux d'intérêt seront bas à ce moment-là. Faut-il alors attendre des taux plus élevés avant de se commettre ? Les experts ne le croient pas. D'abord, lorsque les taux d'intérêt monteront de façon significative, il est probable que les marchés des actions baisseront d'autant, ce qui laissera moins d'argent pour acheter la rente. « Il faut éviter le piège de vouloir faire du market timing », conseille Daniel Laverdière, directeur principal, Gestion Privée 1859, Banque Nationale.
À cause de facteurs comme les bas taux d'intérêt et le fait qu'au décès, le capital investi dans une rente viagère disparaît en tout ou en partie, celle-ci est l'objet d'une mauvaise presse qu'elle ne devrait pas avoir, croit Denis Preston. Mais au-delà de ces facteurs, l'une des raisons pour lesquelles les retraités n'achètent pas plus de rentes viagères serait que les conseillers financiers ne sont pas incités à faire la promotion de ce produit étant donné que la commission qu'ils reçoivent à la vente ne serait pas très élevée. Et c'est sans compter qu'une fois la vente de la rente viagère conclue, le conseiller financier perdra une partie de son utilité auprès du client, ce qu'il ne veut pas, évidemment, ajoute Dany Provost. Mais cela pourrait changer. Une révision importante est en cours en ce qui concerne la structure des commissions dans l'industrie des services financiers, et la tendance est nettement en faveur d'une rémunération à honoraires plutôt qu'à commission. « Cela devrait résoudre éventuellement une partie du problème », dit M. Provost.
Source: la Presse
Rodrigo Bustos
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