Notre grande enquête nationale sur le bonheur réalisée auprès de 37 000 Québécois(es) révèle que plus on est jeune, plus on est malheureux.
Vous avez bien lu. L’indice de bonheur Léger (IBL) est près de 10 points de moins chez les plus jeunes. Cela va à l’encontre de bien des mythes, dont celui de la jeunesse insouciante.
JML: Philippe, que se passe-t-il avec ta génération ?
PL: C’est un phénomène nouveau et confirmé par plusieurs sondages et études scientifiques : la jeunesse est fondamentalement angoissée et malheureuse.
JML: C’est vraiment troublant. Pourquoi ?
PL: Notre vie rêvée est loin de notre vie réelle. Les attentes sont élevées à l’école, au travail et dans la vie que nous n’arrivons pas à combler. Nous sommes souvent déçus de nous-mêmes et tristes de notre sort.
JML: Comme si vous deviez absolument réussir aux yeux des autres pour ressentir le sentiment de s’accomplir.
PL: C’est malheureusement vrai. Les médias sociaux ont amplifié ce phénomène.
JML: Peut-être avez-vous simplement plus de difficulté à gérer votre stress ?
PL: Si c’était si simple ! Quand ta dette étudiante atteint près de 30 000 $ ; que tu n’arrives plus à payer ton loyer et tes dettes ; que tu n’as ni épargne ni marge de manœuvre et quand tu n’es pas là où tu voudrais être dans la vie, tu paniques solide.
JML: L’IBL nous indique que les gens qui gagnent plus de 50 000 $ voient leur niveau de bonheur augmenter. Ce taux grimpe à nouveau si tu gagnes plus de 100 000 $. Après ça, le niveau de bonheur n’augmente plus. Donc, c’est simplement le manque d’argent qui fait votre malheur ?
PL: Pas seulement. On est inquiet du présent, mais aussi angoissé par l’avenir. Pense aux changements climatiques : plusieurs jeunes croient que la Terre est foutue. C’est cette inquiétude envers l’avenir qui a poussé 150 000 jeunes à manifester dans les rues de Montréal avec le slogan : « Je ne veux pas que vous soyez plein d’espoir. Je veux que vous paniquiez. »
JML: L’argent, la carrière, le statut social et maintenant la planète vous foutent la trouille.
PL: On doit se débrouiller avec le monde qui nous est légué. On nous fait miroiter une vie de rêve, de rencontres, de voyages, d’expériences, de richesse et de succès. Mais la réalité est bien différente.
JML: Et c’est pour cela que vous vous cachez derrière une vie virtuelle, Instagram et Facebook, dans les jeux vidéo ou dans l’usage de drogues ?
PL: Ironiquement, les jeunes préféreraient vivre dans le passé, alors que les plus vieux optent pour le présent.
JML: Chaque génération a ses difficultés et ses obstacles. Le défi de ta génération, c’est la gestion du stress et un grand sentiment de solitude.
PL: La plus longue étude réalisée sur le bonheur, qui s’est échelonnée sur près de 90 ans, a été publiée par le psychiatre Robert Waldinger de la faculté de médecine de Harvard. Elle révèle que la solitude est toxique. La clé du bonheur, selon lui, se trouverait dans nos relations sociales avec la famille, les amis et la communauté. Bien avant l’argent.
JML: Le slogan « Facebook vous aide à vous connecter » avec votre entourage est un leurre. Vous êtes plus seul même si vous avez plus de relations sur Facebook. Vous êtes plus connecté, mais vous avez moins de contact humain qu’avant.
PL: La solitude est la pierre angulaire de tous les autres problèmes, disait Catherine Dorion.
JML: D’accord, mais plus on vieillit et plus on est heureux. Le bonheur est donc devant vous.
Vous pouvez mesurer et comparer votre niveau de bonheur en allant sur le site www.indicedebonheur.com
Si vous êtes une femme francophone, de plus de 55 ans, vivant en couple, venant d’une famille nombreuse, propriétaire et gagnant plus de 80 000 $, vous êtes la plus heureuse du Québec.
À l’inverse, si vous êtes un homme millénarial, anglophone, locataire ayant une scolarité primaire, gagnant moins de 20 000 $ et vivant seul, vous êtes le plus malheureux du Québec.
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Source: JDM
Pierre Claude
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